Le directeur général des services de santé au ministère de la Santé revient dans cet entretien sur la big campagne nationale de vaccination qui sera lancée ce samedi 4 septembre.
-Comparativement aux deux précédentes vagues pandémiques, Comment expliquez-vous l’explosion des chiffres des hospitalisations lors de la troisième vague?
-Pr Lyes Rehal: nous sommes arrivées en fait jusqu’à atteindre un chiffre record des hospitalisations, comparativement aux deux premières vagues pandémiques. On a atteint presque 17 000 malades hospitalisés. Ce pic des hospitalisations a été enregistré durant le mois d’août. La particularité des malades hospitalisés de la 3ème vague est qu’ils nécessitaient tous des grandes quantités d’oxygène. Il y avait un véritable souci d’oxygène. Mais, Dieu merci, la tendance baissière commence à s’installer dans la durée. Cette baisse dure depuis plus de 10 jours. Les chiffres arrêtés hier à 16 heures montrent que près de 9500 cas sont encore hospitalisés, entre ceux placés dans les services et en réanimation. Autrement dit, l’évolution de la situation épidémiologique actuellement est très favorable. Une décrue conséquente des hospitalisations est suivie d’une baisse de la demande en oxygène. J’espère ça continue de cette manière, pour pouvoir aller de l’avant et essayer du coup de revoir pas mal de choses.
La courbe baissière des hospitalisations suit celle des contaminations, mais avec un décalage, A quoi est dû ce décalage ?
Pr Lyes Rehal: Effectivement, il y a un décalage entre les deux courbes. Ce décalage s’explique par la durée moyenne de séjour de nos malades. Nos malades nécessitent en moyenne une hospitalisation dont la durée oscille entre 18 et 21 jours, soit 3 semaines. Alors que les notifications des cas confirmés se font instantanément et quotidiennement. ça veut dire qu’on a des notifications des contaminations indiquant une baisse qui concerne les dernières 24 heures. Ce qui explique ce décalage de 3 semaines entre la baisse des nouvelles contaminations et celle des hospitalisations. même les chiffres de décès restent encore entre 25 et 35 malades, Rabi Yerhamhoum puis qu’il reste quand même 9500 malades encore hospitalisés.
Les chiffres officiels que le ministère communique ont été décriés, en les confrontant à la réalité des hôpitaux qui étaient saturés notamment durant la période des pics de contaminations, quel commentaire faites-vous ?
Rehal : il importe de rappeler aujourd’hui encore que nous sommes bien en guerre contre une pandémie. Et quand on est en guerre, il y a d’abord la guerre des chiffres. Nous sommes une institution de l’Etat, ce que nous donnons comme chiffres, soit aux institutions suprêmes ou autres, ce sont des chiffres officiels. Les décomptes liés aux hospitalisations reflètent réellement la réalité dans les structures de santé. A partir du moment que les gens, nos collaborateurs ou des simples citoyens doutent de ces chiffres. Je leur dirai que nos bureaux restent ouverts aussi bien pour les citoyens que pour les journalistes. Permettez-moi de vous rappeler aujourd’hui que nous sommes convaincus que les journalistes qui nous accompagnent depuis plus de 18 mois sont le relais indispensable, pour faire passer une information sanitaire saine et objective.
On est à la veille du lancement d’une grande campagne de vaccination nationale, comment convaincre les réticents ?
REHAL : Il faut rappeler encore une fois que la vaccination reste actuellement la seule solution possible pour essayer de réduire les contaminations et d’empêcher les formes graves, comme font les pays développés. Il est question de pouvoir vacciner notre population éligible et d’y arriver à un chiffre escompté que nous avons déjà discuté au niveau du Conseil scientifique. Nous tablons à atteindre une couverture vaccinale d’au moins de 70 % de notre population, pour couper la transmission du virus.
Est ce qu’on a suffisamment de personnel pour vacciner autant citoyens en trois ou autres mois et atteindre l’immunité collective?
Pr Lyes Rehal:. L’Algérie est un pays de vaccination. Il est rodé à la vaccination. Je vous cite à ce titre un exemple concret. L’Algérie a pu en 2003 vacciner , en une semaine, 10 millions d’enfants contre la rougeole. Aussi, nous avons des structures adaptées en matière d’accessibilité, à ce genre de campagne. Nous avons l’un des meilleurs systèmes de vaccination tout au moins en Afrique. Nous disposons d’un programme élargi de vaccination mis en place depuis les années 1970. Et ce qu’on est en train de faire depuis plusieurs semaines est d’essayer de travailler avec les hospitaliers pour réaliser ce saut qualitatif et quantitatif et augmenter le nombre de vaccinés. Jusque-là, nous sommes arrivés à vacciner entre 240 000 et 260 000 citoyens par jour. Nous avons dépassé les 6 millions de vaccinés. Notre objectif principal est de toucher jusqu’à 20 millions de citoyens, ce qui représente 70% de notre population globale âgée entre 18 ans et plus. Le personnel qui a commencé à vacciner, doit augmenter à partir de ce mois de septembre augmenté le nombre de vaccinés. Nous faisons appel à d’autres secteurs qui disposent déjà du personnel médical et paramédical, soit les centres médicaux sociaux de l’Education, de l’Enseignement supérieur, de la Jeunesse des sports et d’autres secteurs. Aussi, la prise de conscience de la population va encore contribuer à la réussite de l’opération et de relever le défi dans les délais impartis.
Relever le défi de faire face à une éventuelle 4ème vague?
Pr Lyes Rehal: C’est primordial de faire face à une éventuelle 4ème vague. Nous avons de beaux exemples à prendre en compte, en matière de vaccination à l’image de la Grande Bretagne qui a relevé le défi en vaccinant la population anglaise éligible, même si aujourd’hui l’Angleterre continue à enregistrer des nouvelles contaminations, mais les chiffres de mortalité qui restent très faible. Je rappelle que la vaccination n’empêche pas l’atteinte virale, mais elle réduit le nombre d’hospitalisés graves et bien évidemment les décès. Ce qui nous intéresse jusqu’ à l’heure actuelle, est de parvenir à transformer cette épidémie qui reste quand même grave, en une pathologie virale banale. L’autre question à se poser est- ce que ce covid-19 va être là tout le temps avec nous. Si c’est vraiment le cas ce coronavirus va-t-il se comporter comme celui de la grippe saisonnière. Et on aura alors peut-être à faire des vaccins chaque année. J’invite mes collègues médecins, les grandes figures du monde sportif et de foot, les artistes, à prendre en considération cette vaccination.
Est-ce qu’on se prépare déjà pour faire face à la survenue éventuelle d’une quatrième vague ?
Pr Lyes Rehal : Lors de la dernière réunion de travail qui a regroupé les DSP de wilaya et organisée par visioconférence, on a appelé à l’engagement du personnel hospitalier, pour venir en aide à ceux qui sont mobilisés dans les centres de vaccination et ce, pour faire éviter à notre population une éventuelle 4ème vague. Il ne faut pas perdre de vue que l’épidémie ne se combat pas uniquement au niveau de l’hôpital, mais c’est au niveau de la société en observant scrupuleusement les mesures barrières et en se vaccinant. L’épidémie n’est pas dans l’hôpital, mais elle se propage dans la rue, dans les restaurants, les bus, etc… Beaucoup de pathologies sont contrôlées en Algérie grâce à la vaccination à l’instar de la rougeole, la rubéole ou l’hépatite virale. Si on veut gagner cette guerre qu’il faut qu’on s’inscrive, tous dans la stratégie nationale de vaccination élaborée par le ministère de la Santé.
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