Le Pr ouahiba Hadjoudj, directrice générale de la pharmacie et des équipements de santé au ministère de la Santé, revient , dans cet entretien accordé à Santenews.dz, sur les dernières mesures liées à l’accélération de la vaccination, en annonçant l’arrivée des quantités importantes de nouveaux lots de vaccins
Quelles sont les quantités de doses de vaccins anti-covid 19 réceptionnées jusque-là par le ministère de la Santé?
Pr Ouahiba HADJOUDJ : Il faut dire que jusqu’au’ 26 août, les quantités de vaccins anti-covid-19 que nous avons réceptionnées sont de l’ordre de plus de 15 millions de doses. Nous avons évalué aussi les quantités à venir d’ici un mois, soit le 30 septembre prochain. Elles vont être de l’ordre de 25 millions de doses. Rien que pour ce mois d’août, il y a plus de 10 millions de doses dont la réception est attendue. Je voudrais à cette occasion rassurer les gens concernés par la deuxième dose du vaccin AstraZeneca. L’arrivée des doses de rappel d’AstraZeneca est imminente.
A ce rythme peut-on atteindre l’immunité collective dans les délais impartis, en parvenant à vacciner 70% de la population adulte ?
Pr Ouahiba HADJOUDJ : Notre stratégie s’assigne l’objectif de vacciner 70 % de la population éligible à l’opération, c’est-à-dire les personnes âgées entre 18 ans et plus. Et le taux de 70% de la population représente 20 millions de citoyens. Ce qui nous permettrait déjà, si on arrive à vacciner 20 millions d’algériens, d’atteindra une immunité collective estimée à 70%, sachant que l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) recommande un taux minimum de vaccination de l’ordre de 50% de la population éligible. Ce qui n’empêche pas aussi après avoir terminé et atteint le taux de 70%, d’aller carrément jusqu’à 80% de la population. Et pourquoi pas d’aller vacciner d’autres tranches d’âges. On n’a pas encore statué sur cette question, mais l’objectif fixé maintenant est d’immuniser les 70% de la population éligible, soit 20 millions de citoyens algériens. Ce qui nécessiterait, pour un vaccin à régime à deux doses, 40 millions d’unités. Il faut savoir aussi que d’ici la fin du mois de septembre, on va avoir un peu plus de 26 millions de doses. C’est dire que nous avons pris toutes nos dispositions pour avoir les quantités nécessaires avant la fin de l’année en cours.
Qu’en est-il des dernières mesures prises par le ministère dans le cadre de l’accélération de la vaccination, en associant notamment les pharmaciens et les médecins libéraux à l’opération ?
Pr Ouahiba HADJOUDJ : Il y a lieu de rappeler que jusqu’à présent, uniquement les services et les centres de vaccination relevant du secteur public de la santé qui y ont été mobilisés. Depuis plus d’un mois, les médecins de la protection civile nous ont prêté main forte. D’ailleurs, ils continuent à assurer maintenant aussi de la vaccination itinérante au niveau des quartiers ou des endroits un peu reculés. Et puis aujourd’hui, c’est les pharmaciens d’officine qui leur emboitent le pas aussi. Les pharmaciens ont fortement exprimé leur total adhésion à cette initiative, d’apporter leurs soutiens et leurs efforts pour accélérer la campagne de vaccination. Pour parvenir absolument l’accélérer, il faut que tous les acteurs de la santé participent à cet effort national, pour pouvoir vacciner le maximum de la population éligible et ce, entre les mois de septembre, octobre et novembre pour parer à une éventuelle quatrième vague. Le vaccin reste une arme qu’il faudra qu’on l’utilise contre cette maladie dont on ne connait pas ni les formes ni les conséquences. Il s’agit aujourd’hui de s’immuniser au maximum avant éventuellement la survenue d’une éventuelle nouvelle vague pandémique. Comme on est en train de voir de par le monde que le nombre de contaminations est en train d’augmenter, mais le nombre des hospitalisations et celui des décès reste stable. C’est ça le but de la vaccination. On peut contracter la maladie, mais on ne va pas être hospitalisé ou admis en réanimation. L’objectif de la vaccination au final est d’empêcher les formes graves, d’autant que tous les vaccins sont à 100 % efficaces contre les formes graves. On peut développer des formes symptomatiques, sans pour autant aller vers une issue fatale.
Qu’en est-il concrètement de l’adhésion des autres professionnels de la santé du secteur privé, à l’effort national de vaccination ?
Pr Ouahiba HADJOUDJ : En fait, on était dans la réflexion de faire adhérer à cette opération tous les professionnels de la santé libéraux, soit les cliniques privés, les cabinets médicaux généralistes ou spécialistes privées ainsi que les pharmaciens d’officine privés. Je rappelle au passage que la loi autorise les docteurs en pharmacie de pratiquer des actes de santé au sein de leur officine. On a établi à cet effet le cadre juridique qui est très important pour leur permettre de mener le geste vaccinal en toute sécurité et en toute confiance. M. le ministre de la Santé a, d’ailleurs, procédé à l’élaboration d’un texte réglementaire, l’arrêté no 43, qui permet d’élargir la vaccination aux pharmacies privés ainsi qu’aux médecins libéraux. Il faut souligner que les pharmaciens étaient les premiers qui nous ont fait une offre de service de vouloir participer à cet effort national. Après quoi, on a saisi les médecins libéraux. On a d reçu ces praticiens privés au comité scientifique pour leur expliquer les détails de cette opération. C’est tout un cadre qui a été établi et étudié et qu’il n’y avait pas y avoir de crainte. D’ailleurs, j’ai eu aujourd’hui la confirmation du président des médecins libéraux qui veulent adhérer à cette initiative.
Est-ce qu’on a déjà une idée sur le nombre de pharmaciens ou de médecins privés inscrits ?
Pr Ouahiba HADJOUDJ : On n’a pas encore le nombre exact. Pour les pharmaciens, il y a eu à ce jour 2000 pharmaciens inscrits, parce que c’est un acte volontaire, ils mettent leur savoir-faire, leurs locaux à la disposition de cette opération. On leur a remis le guide de la vaccination contre la covid-19 qu’on a élaboré pour démarrer l’opération. Il est question d’un guide très complet qui explique, dans les moindres détails, les aspects techniques, opérationnels et juridiques liés à la vaccination, rien n’est négligé. En plus de ça, le pharmacien vaccinateur doit valider la formation qu’on a organisée, en visioconférence, le dimanche 22 août où on avait associé nos partenaires, le SNAPO, le Conseil de l’ordre des pharmaciens ainsi que la Fédération algérienne de pharmacie. Il y a eu à cette occasion la participation très précieuse des médecins de la protection civile qui vont justement accompagner ces pharmaciens privés. Nous avons établi à cet effet des conventions avec la protection civile à travers les 58 wilayas pour intervenir éventuellement, en coordonnant avec les DSP de wilaya. Il fallait rappeler comment donner une alerte en cas de survenue d’effets secondaires indésirables, en attendant l’arrivée des secours. L’apport des pharmaciens est très important, d’autant que la pharmacie constitue par excellence un endroit de proximité notamment pour les personnes à mobilité réduite ou les personnes âgées et les malades.
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