Le manque de certains médicaments anti-cancer, relevé depuis quelques semaines, commence à inquiéter les malades, alors que le ministère de la Santé tient à rassurer quant à la disponibilité de ces produits, précisant que la rupture touchant certains de ces médicaments relève de « facteurs exogènes ».
Depuis novembre dernier, de nombreux patients souffrant de cancer ont alerté les pouvoirs publics sur les perturbations affectant la disponibilité de certains médicaments, alors que d’autres sont carrément en rupture, ce qui a amené l’association d’aide aux cancéreux, El Amel, activant à l’échelle nationale, à saisir le ministère de la Santé quant aux retombées de cette situation sur les malades.
«Non disponibles depuis 04 mois »
Ainsi, la présidente de cette association, Hamida Kettab, a déclaré que certains médicaments indispensables aux cancéreux « ne sont plus disponibles depuis plus de quatre mois ».
Elle a insisté, dans ce sens, sur la nécessité de « délivrer des autorisations temporaires d’utilisations (ATU) pour certains produits non disponibles et non encore enregistrés en Algérie », tout en déplorant que la liste des produits cités dans le dernier communiqué du ministère « ne concerne pas ceux qui sont largement utilisés par les cancéreux ».
Mme Kettab a soulevé, en outre, la « contrainte » liée à la délivrance d’ordonnances aux malades par des praticiens des Centres anti-cancer (CAC) au moment où les médicaments prescrits « ne sont disponibles que dans les pharmacies d’hôpitaux ».
« Le SNAPO réitère sa requête »
De son côté, le président du syndicat national algérien des pharmaciens d’officine (SNAPO), Messaoud Belambri, a réitéré sa requête consistant à mettre à la disposition des malades les traitements qui peuvent leur être administrés chez eux, par voie orale, au niveau des 11.000 officines situées à travers le territoire national, afin, a-t-il dit, de faciliter l’accessibilité des usagers à ces médicaments.
Il a expliqué que cette situation « oblige les concernés à effectuer souvent des déplacements contraignants, alors qu’ils peuvent obtenir leur traitement en ambulatoire », ajoutant que cela « n’occasionne pas des frais supplémentaires à l’Etat, étant donné que la prise en charge est assurée par la sécurité sociale dans le cadre du tiers-payant ».
- Belambri a précisé que cette requête, soumise à la tutelle depuis quelques années, est au stade de « réflexion ».
« ATU ont été délivrées pour même leur enregistrement ».
Cependant, le ministère de la Santé, par la voix de son Conseiller à la Communication, Slim Belkessam, soutient que des ATU « ont été délivrées pour certains médicaments destinés au traitement du cancer avant même leur enregistrement ».
Rappelant que l’Algérie « est l’un des rares pays au monde à rendre gratuits ces médicaments », le représentant du ministère a indiqué que « le récent enregistrement de 20 nouvelles molécules anti-cancer vient régulariser les traitements mis à la disposition des malades grâce aux ATU,
lesquelles sont accordées lorsqu’un médicament est nécessaire pour un ou plusieurs patients, mais que le laboratoire concerné par sa production n’a pas déposé de demande d’enregistrement », soulignant que cette procédure (enregistrement) « tient compte de ce qui arrange le plus grand nombre de malades au meilleur coût, les produits étant importés ».
Il a fait remarquer, à ce propos, que l’enregistrement de tout médicament « obéit à un nombre de conditions, la première étant de s’assurer du service médical rendu (SMR) sur la base du rapport coût /efficacité, de la demande par le laboratoire fabricant en estimant les besoins, la prise en ligne de compte du consensus thérapeutique et, enfin, l’expertise du produit par les différents comités d’experts ».
Belkacem, : »peut y avoir, parfois, une perturbation »
Mr.Belkessam a tenu à préciser que « tous les médicaments non cités dans le dernier communiqué sont disponibles au niveau de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) », tout en reconnaissant qu’il « peut y avoir, parfois, une perturbation dans un établissement hospitalier ou un autre, mais le problème est vite réglé ».
A ce sujet, il a clarifié que toute prescription de médicament « doit s’inscrire dans une logique de consensus qui assure la disponibilité des meilleurs traitements aux meilleurs coûts en tenant compte de la capacité financière, d’une part, et du nécessaire recul quant à l’apport effectif de chaque molécule, d’autre part ».
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