dimanche 22 décembre 2024
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L’UNOP répond au Conseil de la concurrence

L’UNOP a réagi hier au communiqué du Conseil de la concurrence (CC) au sujet de «l’étude initiée par le Conseil de la concurrence sur le marché du médicament à usage humain en Algérie».

Selon un communiqué de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), la réaction du Conseil de la concurrence «élude soigneusement toutes les questions de fond que notre analyse détaillée avait mises en exergue». L’UNOP affirme avoir «tenu à étudier avec minutie l’intégralité» de l’étude de l’UE (commandée par le Conseil de la concurrence) et à «établir un diagnostic complet de l’ensemble de ses chapitres». «Nous avons ensuite élaboré une note spécifique qui résume, sur un mode pédagogique et à des fins de débat, l’essentiel de nos observations. Notre argumentation peut certes être contestée, le cas échéant, mais ce travail de longue haleine auquel nous nous sommes attelés, ainsi que toutes nos observations précises et dûment documentées, ne peuvent, en aucune façon, être réduites à des « allégations », comme le fait ce communiqué du président du Conseil de la concurrence», ajoute le communiqué de l’UNOP. L’Union reproche au CC de «comparer» des «laboratoires pharmaceutiques géants» (multinationales) qui, «depuis plus d’un siècle, ont la mainmise sur la recherche, sur les brevets, sur la production et sur la distribution du médicament à l’échelle planétaire», avec «les quelques dizaines de petits producteurs qui viennent à peine d’éclore au sein de notre économie et qui ne doivent leur survie qu’à la protection solide du marché interne et aux restrictions sévères que les autorités publiques appliquent de manière résolue depuis 2008 à nos importations de médicaments». Le document de l’UNOP rappelle que «ce sont ces restrictions qui ont permis à notre marché d’échapper à l’emprise des grands laboratoires pharmaceutiques multinationaux et d’aménager un réel espace de concurrence interne par la fabrication nationale». Le syndicat des producteurs algériens de médicament estime que «la mise en œuvre des recommandations de l’étude de l’UE, en revenant sur ces restrictions salutaires, remettraient notre marché dans sa configuration d’il y a vingt années, avec moins de producteurs, moins de concurrence et des prix plus élevés». Et d’ajouter : «C’est bien pour protester contre ces visions infantiles, qui minent la gestion de notre économie et de notre tissu industriel, que I’UNOP a entrepris de réagir aux conclusions de cette étude européenne. Des conclusions qui ont été bel et bien endossées par notre Conseil de la concurrence, au contraire de ce qu’affirme son communiqué». L’UNOP accuse le président du Conseil de la concurrence de reprendre «à son compte» la «conclusion principale» de l’étude de l’UE et «qu’il a recommandé aux pouvoirs publics algériens de démanteler l’organisation en vigueur des importations de médicaments avec comme objectif clairement affiché sa «libéralisation complète»», ajoute le communiqué. L’UNOP s’interroge sur l’intérêt pour l’UE d’inclure «l’organisation des importations algériennes de médicaments» dans une «étude sur la concurrence dans le secteur pharmaceutique national». Et estime que «le principe de l’interdiction d’importation de tout médicament importé, qui est à la base même de la croissance fulgurante de notre filière industrielle, dérange de gros intérêts étrangers». Accusant le Conseil de la concurrence d’accepter de «laisser ouverte une telle brèche». «Conflits d’intérêts» Pour rappel, le Conseil de la concurrence avait réagi le 10 février dernier aux commentaires de l’étude ayant suivi la publication de l’étude de l’UE. Dans son communiqué, le CC estime que son objectif «vise, à travers ses recommandation, à améliorer le fonctionnement concurrentiel du secteur pharmaceutique et n’entend en aucun cas juger les conduites des opérateurs ni d’émettre des sanctions à leur encontre». A propos des «recommandations relatives au secteur des médicaments à usage humain, préconisées par le Conseil», le communiqué du CC affirme qu’elles ont pour but d’«améliorer le fonctionnement concurrentiel de ce marché». Ces recommandations «ne sont pas contraignantes pour les pouvoirs publics et les acteurs du marché», a-t-il tenu à clarifier, en précisant que les acteurs concernés «peuvent les prendre en charge ou les ignorer si elles s’avèrent peu pertinentes et incompatibles avec les politiques adoptées en la matière», affirme le communiqué du CC. Il rappelle que le Conseil «considère que l’application des règles de la concurrence et de la transparence dans les marchés stimulera l’investissement national et étranger pour développer la production nationale». L’étude commandée par le CC relève des «distorsions au droit de la concurrence dans le marché» et fait part de l’existence d’» oligopoles» et de «positions dominantes» accaparant plus de 40% des parts du marché, jugeant que cette situation «a un impact négatif en termes de disponibilité, de prix, de qualité et d’accessibilité aux médicaments». L’étude parle également de «conflits d’intérêts» au niveau de la chaîne de valeur (production, importation et distribution), en soutenant que cette situation a été également confirmée par les experts nationaux du secteur qui se sont déjà exprimés sur ce problème à travers les médias. L’étude a également relevé une inadéquation entre l’offre et la demande générant des pénuries récurrentes pour certains médicaments, parfois essentiels.