Une étude publiée révèle que quelque 25 millions de personnes, dont 2,5 millions d’enfants, meurent chaque année dans des souffrances qui auraient pu être allégées grâce à la morphine. Cela représente près de la moitié des décès qui ont lieu dans le monde chaque année, estiment les auteurs de cette étude publiée dans la revue The Lancet.
Selon eux, la majorité des patients qui sont privés d’antidouleurs vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, qui reçoivent moins de 4% des 299 tonnes de morphine distribuées dans le monde.
« Les inégalités d’accès aux antidouleurs pour les soins palliatifs sont l’une des injustices les plus criantes au monde », affirme l’une des auteurs de l’étude, le professeur Felicia Knaul, de l’Université de Miami.
« Le monde fait face à une lamentable crise de la douleur: un accès limité voir nul à la morphine pour des dizaines de millions d’adultes et d’enfants qui vivent et meurent dans des souffrances horribles et évitables », ajoute-t-elle.
Les auteurs de l’étude pointent l’écart entre le manque dans les pays pauvres d’opioïdes destinés à soulager les douleurs et l’abus de ces substances dans les pays riches.
En Amérique du Nord, un nombre croissant de gens deviennent dépendants à de puissants médicaments antidouleurs délivrés sur ordonnance avant, parfois, de se tourner vers l’héroïne, souvent mélangée à des substances de synthèse.
Au niveau mondial, les auteurs de l’étude plaident pour des « politiques globales plus équilibrées, afin de faciliter l’accès aux analgésiques opiacés répondant à un besoin médical ».
« L’exemple de plusieurs pays, ……
…….dont l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, le Royaume-Uni ou l’Ouganda, ainsi que l’Etat du Kerala en Inde montre qu’on peut tout à fait augmenter l’accès (à ces substances) dans un but médical sans pour autant aggraver le risque d’un usage non médical », assurent-ils.
« Nous ne devons pas laisser l’opiophobie priver de ces médicaments peu chers et essentiels des patients de pays pauvres qui agonisent alors qu’ils se battent contre des maladies comme le cancer ou le sida », selon le professeur Knaul.
Les auteurs de l’étude estiment que le fait de fournir aux pays pauvres la morphine ou les traitements équivalents dont ils manquent ne coûterait que
145 millions de dollars par an (122 millions d’euros) si on appliquait les tarifs bas dont bénéficient les pays riches.
En Algérie ,le calvaire des cancéreux se poursuit.
Sur 9000 pharmacies au niveau national, seules trois ont été chargées de distribuer ces antalgiques aux malades. La Société algérienne des pharmacies (SAP) dénonce cette situation. « Il est inadmissible qu’un malade soit obligé de se déplacer et faire des centaines de kilomètres pour trouver le produit qu’il recherche », affirme, le président de la SAP.
En dépit du fait que les autorités algériennes n’interdisent pas la vente de cette substance, les pharmaciens demeurent réservés et hésitants. « Les médicaments morphiniques sont une lourde responsabilité pour nous. Nous pouvons être ciblés par des délinquants toxicomanes. De plus, nous devons justifier chaque milligramme de traitement auprès d’une instance internationale qui contrôle nos ventes et nos importations », a assuré un pharmacien.
S’exprimant sur la difficulté de mettre en pratique les décisions de l’État à ce sujet, le professeur Kamel Bouzid a signalé que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal a donné consigne, au mois de novembre 2011, pour que la morphine soit disponible partout. Cependant, à ce jour, seules trois pharmacies vendent les produits morphiniques, ce qui représente un chiffre infime pour prendre en charge les besoins de milliers de cancéreux.
De son côté, le ministère de la Santé, chargé de ce dossier, avait annoncé l’installation d’une pharmacie d’officine dans chaque daïra pour distribuer des antalgiques et éviter aux malades de se déplacer. Cette décision a, à son tour, été mise aux oubliettes.
Aujourd’hui, les cancéreux réclament que les autorités assument leurs promesses en leur permettant d’avoir accès à ces produits indispensables. Malheureusement, sur le terrain, aucune décision n’a été concrétisée et le calvaire des cancéreux se poursuit.
Synthèse SN