Le Pr Lyes Rahal directeur général des structures sanitaires au ministère de la santé révèle dans cet entretien accordé à Santenews-dz.com, le nombre de malades hospitalisés pour covid à travers le territoire national. Plus de 5200 lits sont occupés jusque-là. Il a également détaillé la carte de répartition des hospitalisés à travers notamment les 8 wilayas qui sont en train d’enregistrer le plus grand nombre de contaminations.
Quel enseignement peut-on tirer de cette nouvelle vague où les chiffres des contaminations s’affolent d’une manière effrénée?
Pr Lyes Rahal : Effectivement, nous sommes en plein quatrième vague. L’Algérie, a acquis, à l’instar des autres pays, une expérience dans la prise en charge du coronavirus. Nous avons aussi acquis une autre expérience en matière de compréhension des caractéristiques de ce virus et ses variants. La quatrième vague a commencé, bien avant le mois de décembre. Nous avons senti cette hausse des contaminations avant l’arrivée de l’omicron dans notre pays, soit le variant Delta. Ce variant omicron n’est venu que pour appuyer cette quatrième vague qui est en fait composée de deux variants, le Delta et l’omicron. Nous avons eu une expérience très douloureuse avec le variant Delta au cours la 3ème vague. Par contre, l’omicron se caractérise par son degré de contagiosité qui est de 3,5 de plus que le Delta.
Est-ce que les moyens de riposte ont-ils été plutôt renforcés par rapport à la troisième vague?
Pr Lyes Rahal : Le ministère de la Santé a commencé à redynamiser la stratégie de la riposte, avant l’augmentation des contaminations. Renforts Nous avons commencé à mettre en place cette stratégie se préparer à partir de la fin du mois de novembre. Nous avons, d’ailleurs, tenus plusieurs réunions de travail et ce, en présence du ministre de la Santé. Outre celles qui se font quotidiennement, nous organisons aussi d’autres réunions par visioconférence, chaque lundi, pour faire le point de situation, avec les DSP et les directeurs des structures hospitalières.
Les chiffres des contaminations sont là, est-ce que la situation est-elle aujourd’hui aussi gérable dans les établissements hospitaliers ?
Pr Lyes Rahal : A mon avis, l’élément le plus important à retenir est le nombre de malades hospitalisés. Autrement dit, même si nous avons un nombre de cas élevés de contaminations, mais qui ne se répercute pas sur les structures hospitalières, j’estime que cela ne posera pas de problèmes. Cependant, ce qu’il faut est l’augmentation du nombre de malades hospitalisés notamment dans les services de réanimations et surtout les malades intubés. Certes nous remarquons actuellement une hausse du nombre de cas de contaminations déclarés quotidiennement. Mais il faut relever que nous enregistrons, depuis une vingtaine de jours, une stabilité. Jus qu’hier mercredi 26 janvier, nous sommes à 5200 malades hospitalisés à travers le territoire national. Sur ces 5200 cas hospitalisés, nous avons 39 malades intubés. Nous mettons plus de 15 jours pour enregistrer 1000 nouveaux hospitalisés durant l’actuelle vague, alors qu’on était arrivé à hospitaliser jusqu’à 3000 malades en une semaine durant la 3ème vague ou nous étions arrivés à 17 000 malades hospitalisés.
Comment se déroule la prise en charge dans les hôpitaux et la répartition des malades dans les wilayas qui pulvérisent chaque jour des records de contamination?
Pr Lyes Rahal : il faut savoir à ce propos que nous avons 7 à 8 wilayas qui sont en train d’enregistrer des chiffres élevés des contaminations. La wilaya d’Alger vient en première position, suivie des wilayas Blida, Tipaza, Bejaia, Tizi Ouzou, Jijel et Oran. La wilaya d’Alger n’a pas encore dépassé le chiffre de 1000 malades hospitalisés et qui sont répartis à travers ses 19 établissements hospitaliers de la capitale. M. le ministre de Santé a donné des instructions pour faire le maximum en matière de prise en charge des malades covid sans pour autant perturber la prise en charge des autres pathologies. Il s’agit de continuer à garantir une activité de soins, en dehors de celle des urgences, t pour les pathologies froides. Tout un réseau de prise en charge des autres pathologies a été aussi mis en place, surtout à Alger.
Quel est le chiffre repère d’hospitalisations pour déclencher une nouvelle alerte?
Pr Lyes Rahal: Effectivement, nous avons un chiffre repère qui est de 2400 malades hospitalisés, à partir de ce chiffre nous tirons la sonnette d’alarme. Ce nombre d’hospitalisés avait été atteint bien avant la détection de l’omicron dans le pays. L’autre particularité de l’omicron est la contamination des enfants qui étaient, plus au moins, épargnés au cours des vagues précédentes.
Quel est le nombre de lits prévu dans le plan de riposte mis en place pour faire face à la 4ème vague ?
Pr Lyes Rahal : il importe de le rappeler que l’augmentation du nombre de lits est tributaire aussi d’un taux repère qui est estimé à 65%. Au-delà de ce taux, on doit mobiliser d’autres lits réservés. Nous sommes en train d’augmenter progressivement. Nous pourrons même atteindre presque 22 000 lits à travers le territoire national. Rien que pour Alger, nous pourrons atteindre le nombre de 2100 lits de service et plus de 213 lits de réanimation. Au cours de la 3ème vague, on était arrivé jusqu’à 17 000 lits.
Combien sont-ils ces enfants infectés à l’omicron et qui nécessitent une hospitalisation ?
Pr Lyes Rahal : Jusque-là, il n’y a que des enfants avec une symptomatologie qui, dans la plus part des cas, ne nécessite pas une hospitalisation. Mais ce qui pourrait être grave est la contamination des sujets à risque par les enfants. Les enfants sont beaucoup plus des victimes qu’autre chose. Ils ne sont nullement responsables de cette situation.
A qui incombe alors la responsabilité ?
Pr Lyes Rahal: Le plus gros problème dans la lutte contre le Sras-cov2 est le déni par rapport à la vaccination. A partir du moment où on refuse de se faire vacciner, nous encouragerons l’apparition de variants. Alors que l’objectif est d’atteindre le chiffre de 70 à 75 % en matière de couverture vaccinale. Nous n’avons pas pu atteindre ce taux, malgré l’abondance des vaccins dans le pays. Les premiers responsables de cette situation sont les adultes. J’insiste toujours sur la vaccination tout en restant vigilant et je ne crois pas à cette notion de bénignité de l’omicron.
On est encore loin de l’objectif des 70% ?
Pr Lyes Rahal : En effet, mais il ne faut perdre de vu un élément important dans la stratégie nationale de la vaccination qui est l’adhésion de la population. Le citoyen est aussi responsable de cette situation. Il doit protéger sa vie, celle de sa famille et de ses proches. Quand on enregistre un taux élevé d’atteinte au covid dans une entreprise publique ou privée, sachez qu’au-delà du souci sanitaire, l’entreprise devra faire face à d’autres soucis économiques et financières, d’où la nécessité et l’urgence que tout un chacun se doit de se faire vacciner. Je suis aussi persuadé qu’au-delà des mesures barrières à respecter et le protocole sanitaire à appliquer, la solution est entre les mains des citoyens, et qui n’est autre que la vaccination. Il faut se faire vacciner si on veut réduire les chiffres d’atteinte au covid.
Et la bataille de l’oxygène est-elle gagnée?
Pr Lyes Rahal : En termes de préparations, on a mis en place des générateurs à oxygène dans plus de 200 établissements hospitaliers. Il faut savoir aussi que jusqu’à l’heure actuelle les choses vont bien. Nous avons une production et une disponibilité d’oxygène beaucoup plus importante par rapport à la 3ème vague.
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