Quelle est la finalité de cette attestation de régulation qui a suscité une levée de boucliers dans le monde du médicament ?
Lotfi Benbahmed : Cette attestation est introduite dans l’espoir de réguler le marché national du médicament et des dispositifs médicaux, qui est estimé à 4 milliards d’euros par an. Malgré ce montant en milliards d’euros, nous avons continué, tout au long de l’année, à déplorer des ruptures de stock, notamment dans les hôpitaux. Cela montre bien que le marché est dérégulé.
L’introduction de cet outil permettra tout d’abord de ne plus importer ce qui est produit localement et ensuite de n’apporter de l’étranger que ce dont nous avons besoin. Ce qui est étonnant, c’est que les ruptures de traitements concernent le plus souvent des gammes qui ne coûtent pas cher, ou celles qui ne sont pas très intéressantes économiquement. Alors que les produits médicamenteux coûteux sont disponibles. Les gens faisaient et importaient ce qu’ils voulaient et ce qui les intéressait.
Ce genre de mesure exigée par les banques n’est jamais annoncé à l’avance. Pour la simple raison que si on annonçait cette mesure, elle aurait eu l’effet inverse. Les gens auront alors du temps pour domicilier leurs opérations n’importe où et n’importe comment, ce qui dérégulera et inondera le marché des produits qui seront interdits d’importation.
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est qu’il n’y a pas uniquement les médicaments dans ces opérations d’importation. Il y a aussi les dispositifs médicaux. C’est un créneau où il y a à boire et à manger. Il faut savoir à ce titre que 84% des dispositifs médicaux ne sont pas homologués en Algérie. Nos devises sont dépensées pour rapporter n’importe quoi.
Quels sont les critères pour l’obtention de ce sésame d’importation ?
Il ne s’agit pas de faire une étude fouillée. Les documents demandés sont déjà disponibles chez les opérateurs. Cela nous permet de savoir ce qui s’est passé pendant toute l’année et du coup de contrôler ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été. Nos services compétents auront également à vérifier et à contrôler les stocks.
Le ministère de la Santé a déjà fait ce travail avant de signer les programmes…
Cela n’est pas une régulation, mais juste des programmes prévisionnels. La régulation ne se limite pas à l’élaboration et au contrôle des pro forma ou des bons de commandes. Un programme d’importation n’est pas un bon de commande.
Cette attestation ne risque-t-elle pas d’impacter la prise en charge du malade ?
Nous avons introduit cet outil de régulation, parce que nous ne voulons pas laisser des malades mourir ou continuer à apporter des produits qui seront périmés. En un mot, nous avons mis au point cet outil pour débusquer la îssaba du médicament. Il y a un nouveau gouvernement et nous avons pris nos responsabilités.
Le ministère de l’Industrie pharmaceutique est là pour réguler l’importation et la production nationale, conformément à un décret qui nous donne la prérogative de mettre une politique pharmaceutique pour assurer la disponibilité des médicaments, tout en contrôlant ce qui manque dans notre pays. Nous avons aujourd’hui une approche globale, alors qu’avant, nous avions une approche budgétivore.
Les établissements publics PCH ou IPA sont-ils exempts de cette mesure ?
Bien sûr que non. Ces deux établissements ne sont pas exempts .S’ils répondent aux critères établis, l’attestation leur sera délivrée immédiatement. C’est compliqué pour une banque de faire le distinguo entre un opérateur public et un privé, parce qu’il s’agit d’une domiciliation bancaire, et pour nous, c’est une mesure générale qui concerne tous les opérateurs.