vendredi 22 novembre 2024
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Antibiotiques dans l’environnement:   des bactéries gloutonnes à la rescousse?

 – La résistance aux antibiotiques est une  menace planétaire pour la santé. Mais certaines bactéries ne se contentent pas  de leur résister: elles s’en nourrissent, ce qui pourrait à terme être  bénéfique à l’environnement, selon une étude.

Même si cette perspective est encore lointaine, les auteurs de l’étude  espèrent que ces bactéries gloutonnes pourront un jour aider à nettoyer les  sols et les cours d’eau dans lesquels ont été rejetées de fortes concentrations  d’antibiotiques.

Objectif: lutter contre la résistance à ces médicaments, trop abondamment  prescrits, et trop souvent jetés dans l’environnement sans précautions.

« Comprendre le mécanisme qui permet de transformer un antibiotique en  nourriture pourrait aider à mettre au point des bactéries capables de nettoyer  les sols et les cours d’eau contaminés par ces médicaments et, ainsi, de  ralentir la progression de la résistance », assurent ces chercheurs ..

Publiée dans la revue Nature Chemical Biology, cette étude s’intéresse à  quatre types de bactéries présentes dans les sols, toutes résistantes à la  pénicilline (le premier antibiotique, découvert en 1928).

Les chercheurs ont mis en évidence trois ensembles de gènes uniquement  actifs lorsque ces bactéries se nourrissent de pénicilline, qu’elles utilisent  comme une source de carbone, élément indispensable à leur survie.

Dans la première étape de ce processus, ces bactéries commencent par  neutraliser la partie de l’antibiotique censée être toxique pour elles.

Ce type de bactéries est difficilement manipulable. Mais après avoir  compris le mécanisme de leur action, les chercheurs espèrent le reproduire sur  des bactéries plus dociles, comme la fameuse Escherichia coli, en les modifiant  génétiquement.

L’opération est complexe. Il faudrait notamment trouver comment accélérer  le processus, très lent, de transformation des antibiotiques en nourriture.

« Aujourd’hui, il est illusoire de répandre ces bactéries sur un sol pollué  en attendant qu’elles nettoient tout. Mais au moins, nous savons comment elles  s’y prennent », a souligné l’un des auteurs de l’étude, Gautam Dantas, de  l’université Washington de Saint-Louis (centre des États-Unis).

L’augmentation de la résistance aux antibiotiques inquiète les autorités  sanitaires mondiales, et l’OMS tire régulièrement la sonnette d’alarme.

En 2016, une étude britannique estimait que le développement de bactéries  super-résistantes pourrait être à l’origine de quelque 10 millions de morts par  an dans le monde d’ici à 2050.

Dans un rapport dévoilé en décembre, des experts de l’ONU s’alarmaient du  rejet de grandes quantités d’antibiotiques dans l’environnement, élément selon  eux négligé mais crucial dans l’augmentation de la résistance de certaines  bactéries.

Ce rejet provient de différentes sources: présence dans les eaux usées via  l’urine ou les excréments des patients, déchets non-traités par les industries  pharmaceutiques de pays gros producteurs ou déchets agricoles liés à  l’utilisation intensive d’antibiotiques pour augmenter la productivité des  élevages.

« L’avertissement dispensé dans ce rapport est vraiment effrayant: les  humains pourraient participer au développement de superbactéries féroces en  raison de notre ignorance et de notre négligence », s’inquiétait alors Erik  Solheim, directeur du Programme de l’ONU pour l’environnement.

(étude)