mercredi 23 octobre 2024
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Etude : Les anticancéreux loin d’être efficace.

Plus de la moitié des nouveaux médicaments  anticancéreux mis sur le marché dans l’Union européenne (UE) entre 2009 et  2013 n’ont pas prouvé leur efficacité en terme de survie ou de qualité de  vie des patients par rapport à ceux existants, voire à des placebos, selon  une étude publiée .

Une telle situation « peut nuire aux patients et entraîner un important  gaspillage de ressources publiques » et « pose de sérieuses questions sur les  normes actuelles en matière de réglementation des médicaments », a conclut  l’équipe de spécialistes en santé publique du King’s College de Londres et  de la London School of Economics.

48 nouveaux anticancéreux entre 2009 et 2013

Au cours des cinq années étudiées, 48 nouveaux anticancéreux ont reçu  l’autorisation de mise sur le marché de l’Agence européenne du médicament, dans 68 indications différentes, relève l’étude publiée dans la revue  britannique The British Medical Journal.

Sur ces 68 nouveaux traitements, 39 (soit 57%) ont reçu le feu vert sans  avoir démontré une amélioration de la durée ou de la qualité de vie des  patients, soit par rapport à des placebos (pour 20 d’entre eux), soit par  rapport aux traitements existants (pour 11), ont affirmé les auteurs du  rapport.

Pis encore, l’un des traitements étudié donnait même de moins bons  résultats que les molécules déjà existante et présentes sur le marché.

Les huit qui restent n’ont pas été comparés à quoi que ce soit, « de sorte  que nous ne savons pas s’ils améliorent la survie ou la qualité de vie des  patients », a expliqué à la presse l’un des auteurs de l’étude, Courtney  Davis, du King’s College de Londres.

Autorisés sur la base de résultats trop préliminaires

« Beaucoup ont été autorisés sur la base de résultats trop préliminaires  pour conclure à un bénéfice sur le patient », ont estimé les mêmes  analystes.

Selon l’un des auteurs de l’étude américaine de 2015, Vinay Prasad, le  coût moyen d’un traitement anticancéreux aux Etats-Unis est de 100.000  dollars (85.000 euros) par personne et par an.

Les firmes, pressées  d’obtenir du retour sur investissement 

L’Agence européenne du médicament a souligné avoir  « largement discuté des preuves étayant les médicaments anticancéreux » et être  ouverte à tout « nouveau débat » sur le sujet.

« Le constat fait par cette équipe est celui que nous faisons au fil des  numéros de Prescrire », a commenté Bruno Toussaint, directeur  éditorial de cette revue indépendante française, en soulignant qu’une étude de  2015 dressait déjà le même constat pour les Etats-Unis.

Les espoirs suscités par ces nouveaux traitements chez les patients  concernés « sont le plus souvent déçus », ajoute-t-il, en pointant « les effets  indésirables subis et les prix exorbitants demandés par les firmes, pressées  d’obtenir du retour sur investissement avant que la déception soit flagrante ».

Selon l’un des auteurs de l’étude américaine de 2015, Vinay Prasad, le coût  moyen d’un traitement anticancéreux aux Etats-Unis est de 100.000 dollars  (85.000 euros) par personne et par an.

« Aux Etats-Unis, ce système déficient entraîne d’énormes dépenses pour des  médicaments anticancéreux dont la toxicité est certaine mais dont les avantages  sont incertains », écrit-il dans un commentaire publié .

 

Synthèse SN